Virez-les tous, Ou pourquoi je brûle régulièrement le Monde des Livres pour me chauffer l'hiver
Bon, j'en ai marre. Régulièrement, je me force lire les critiques de livres du Monde des Livres, et à chaque fois je me prend à rêver de peloton d'exécution. Ce n'est pas parce qu'il y a peu de critiques littéraire digne de ce nom, que j'ai à supporter des imbéciles.
Soit il faut supporter ceux qui se croient écrivains plutôt que critiques, et prennent n'importe quel prétexte pour tomber dans la niaiserie pseudo-littéraire :
"On peut raconter ce roman de Marie NDiaye de différentes manières, selon
des éclairages variables et des angles plus ou moins ouverts. Mais il
n'est pas sûr que l'addition de ces manières, lumières et angles vienne
à bout du livre, rende justice à son si riche, si étrange contenu. De
fait, l'auteur, par son style et son art supérieur de la narration,
nous invite, sans jamais promettre une parfaite intelligence de ses
intentions, à suivre ligne à ligne les mille péripéties, et leurs
curieux enchaînements, dont son livre est fait. Au terme de la lecture,
nous nous tenons perplexes et remués, enchantés, admiratifs et
néanmoins incertains devant le livre refermé qui, tel un organe vivant
mais détaché du corps, palpite encore avec insolence. Tentons cependant
quelques approches."
C'est vraiment faire insulte au style si épuré de Marie N'Diaye que de tomber dans le rose pot-pourri du livre "
organe vivant, détaché du corps". Quant à la glose poussiéreuse du "
perplexes et remués, enchantés, admiratifs et cependant incertains", je suppose que c'est pour parvenir plus vite à son quota de mots. Du coup, je n'ai pas fini de lire l'article.
Soit il faut enrager sans rien dire devant un titre d'article qui résume à lui tout seul l'imbécilité de son auteur : quand on ne connait rien de Sylvia Townsend Warner,
on n'écrit rien à son sujet, et quand on n'a pas lu un livre, on essaye de ne pas se ridiculiser en faisant croire le contraire. Ou au moins, on le fait lire par d'autres (lien). Car dès le titre, il est absolument évident que la critique en goguette est passé eà des kilomètres du sujet qu'elle devait traîter.
Outre qu'elle suggère que Sylvia Townsend Warner était, comme le personnage de son livre
Lolly Willows, "une anglaise très comme il faut" cachant sous ses jupe Liberty une vraie langue de vipère qui n'a l'air de rien, alors que Townsend Warner était une lesbienne tout ce qu'il y a de plus assumée et une communiste perdue en terre ennemie de l'Angleterre des années trente, elle laisse aussi croire qu'elle était une auteur anglaise à la Jane Austen ou à la Elizabeth Bowen : attaquant de l'Angleterre bien mise sous couvert d'histoires à priori sans histoire.
Il est non seulement très insultant de comparer qui que ce soit au génie de Jane Austen, mais également très stupide de laisser croire que toute les anglaises écrivent ainsi, simplement parce qu'elles partagent avec elle le goût de l'ironie. Surtout Sylvia Townsend Warner. Mais cela, la critique l'aurait sûrement deviné si elle avait suffisamment lu
Lolly Willows pour apprendre que son personnage quitte sa famille pour devenir une
sorcière moderne !
Et si elle avait couvert un peu plus son sujet, elle aurait appris que Townsend Warner, auteur tout ce qu'il y de plus littéraire, n'a pas peur d'écrire sur des sujets aussi variés et originaux que les amours lesbiennes, en tout bien tout honneur, en pleine révolution française de 1848 (
Summer Will Show : le traduire enfin, ce serait bien !), un couvent attaqué par le diable (
Le diable déguisé en belette), sur les elfes neurasthéniques (
Royaumes des elfes), ou sur les déboires d'un pasteur perdu au milieu des Polynésiens (
Une lubie de Monsieur Fortune).
Alors voilà, maintenant, c'est fini, je ne lis plus Le Monde des Livres, et je me tâte même pour retirer le lien à droite...
à 21:11