C'est presque devenu une règle, depuis une vingtaine d'années : il est déconseillé, sauf à prendre le risque d'être soupçonné des pires compromissions, de dire d'un roman écrit en français qu'il est un grand livre.
C'est assez logique dans un pays où les élites se rêvent toutes écrivains. Ce ne serait plus un métier, un art - périlleux, engageant toute une existence - mais un passe-temps artistique. Comment tous ces écrivains du dimanche - parfois journalistes - pourraient-ils accepter qu'il y ait de grands prosateurs français contemporains, de grands stylistes ? En revanche, et en toute logique aussi, puisque ce qui vient d'ailleurs n'est pas perçu comme une concurrence, il est recommandé de valoriser - avec un excès de systématisme - la littérature traduite.
Avec vos pierres, je construirai ma forteresse : il n'y a pas eu de grand styliste français depuis 20 ans, je persiste et signe. On n'a pas le temps de travailler son style, quand on le perd à regarder son nombril.
Ca ne veut pas dire que la littérature est définitivement foutue : mais pour ça, il faudrait d'abord se débarrasser des lècheurs de bottes, germanopratin, flemmasses, et autres parasites du milieu journalistique français. Une fois le paysage dégagé, on aurait eut-être une chance de s'intéresser aux romans dont ils
parlent : mais bon, de toute façon, Savigneau étant fan de la fille de BHL et de
Sainte Christine (
que Christine Angot redevienne vite cette rebelle que les conformistes détestent, avec sa manière singulière de dire son expérience. ha ha ha ha ha ha ha !!!!!!! ), je me méfie de son jugement sur le génie de la littérature gauloise.