La Muselivre

Une querelle impossible à éteindre divise depuis toujours les aficionados de James. Il y a ceux qui adorent la complication ténébreuse des grands romans, jamais las de traverser la forêt des interprétations, de suivre jusqu’à l’égarement les chemins de traverse des sentiments, de côtoyer d’énigmatiques présences. Il y a ceux pour qui James est à son mieux dans la forme brève: les contraintes du genre l’obligent à réprimer sa profusion native, à simplifier ses lignes, à concentrer ses sucs.

Henry James enfin publié dans la Pleiade. Ses nouvelles en tout cas. De quoi réjouir les vrais amateurs qui attendaient depuis longtemps une vraie bonne édition complète de ses nouvelles.

(Les choix éditoriaux de la Pleiade me stupéfient : des auteurs géniaux, reconnus et surtout morts depuis longtemps comme les Brontë, Jane Austen et Henry James ne se sont vus publiés pour la première fois dans la collection que depuis trois ans, et Julien Gracq, bien vivant, et qui, franchement, peut encore attendre pour les honneurs du papier-bible, y est depuis un temps que l'on pourrait dire immémorial)