Joueb.com
Envie de créer un weblog ? |
ViaBloga
Le nec plus ultra pour créer un site web. |
Vous avez récemment critiqué Tony Blair en des termes très sévères. Pourquoi?
D. Lessing. – Parce qu’il n’est pas à la hauteur du job. C’est un petit homme. Pourquoi avoir mordu à l’hameçon de cette guerre? Je pense qu’il n’est pas très brillant. C’est un enfant des années hippies. Il y a cette photo de lui avec des cheveux longs et un banjo, c’est à pleurer. Je ne pense pas qu’il ait jamais lu un livre. Le pire, c’est qu’il est amoureux des gens importants. Je pense qu’il a dû avoir un problème avec son papa.
Doris Lessing, qui publie un livre (Le Rêve le plus doux) plus ou moins autobiographique pour la rentrée de Janvier, est interrogée par le Nouvel Obs. Mais rassurez-vous elle parle pas que de politique. Enfin presque.
Quelles ont été vos plus grandes émotions de lectrice ?
D. Lessing. – J’avais une vingtaine d’années quand j’ai lu tous les Russes. J’ai découvert aussi Virginia Woolf, Proust et Stendhal, que j’adore. Lire était un moyen de fuir la cauchemardesque société rhodésienne. Si j’ai tant aimé Tolstoï et Dostoïevski, c’est d’ailleurs que la société prérévolutionnaire, en Russie, ressemblait étrangement à la société africaine sous domination blanche. Les Blancs avaient une attitude sentimentale vis-à-vis des Noirs, qu’ils opprimaient en même temps. Mon père créditait toujours les Africains d’une sorte de sagesse paysanne essentielle, à tort selon moi. Or, dans «Anna Karénine», le personnage de Lévine pense aussi que les paysans ont une manière à eux, primitive, mystique, de comprendre la vie. Ce sont deux mondes très similaires. Et songez aux «Possédés», aux nihilistes de Dostoïevski. Tout est là, tout le terrorisme moderne.