La Muselivre

Raaahhh! les chiens ! On nous avait promis Le courtier en tabac de John Barth (traduit par claro) en poche, pour le bonheur des petits portefeuilles, mais en ces temps de Cherki-millionnaire et d'E-A-S éditeur (tuez-moi...), la notion de petits portefeuilles étudiant ou chômeurs (ou peut-être tout simplement l'idée-même que les pauvres sachent lire, que sais-je) est devenu de la science-fiction aussi peu crédible que celle de Dantec. J'aurais dû m'en douter, d'ailleurs, puisque le livre avait pris un mois de retard sur sa date de sortie, ce qui n'arrive pratiquement jamais au Livre de poche (on est un gros éditeur qui emploie un nombre démentiel de stagiaires pour faire les petites mains gratis, ou on crève la gueule ouverte) : mais non, innocente et bécasse comme je suis, je n'ai absolument rien vu venir. Le Livre de poche a donc décidé, avec ses compliments, de vous proposer à la place d'un bon gros livre de vos grand-mères à 27 euros (oui, les livres du Serpent à plumes, faut vraiment être fan et friqué pour se les acheter), deux stupides livres de poche, gentiment séparés à la naissance contre la volonté du pauvre papa qui en ces temps de sexisme anti-père a certainement eu autant son mot à dire que les commerciaux de la maison de disque de Madonna concernant son nouveau nom de scène, au pris merveilleux de 9 euros chacun. Soit un "poche" à 18 euros. Alors moi, finalement, je vais faire un effort monstrueux, et je vais me frayer mon chemin à travers le difficile, mais jouissif champ de ronces de mon édition de poche américaine. En un seul volume.

Encore un livre qui a toutes les chances de son côté pour devenir un best-seller, non ? Ô rage, ô désepoir, ô édition...