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La littérature est un sport dangereux à ne pas mettre entre toutes les mains, surtout si on ose écrire sur le village de son enfance :
Le Nouvel Observateur. – Où se situe le village que vous décrivez dans «Pays perdu»?
Pierre Jourde. – C’est un hameau minuscule, très isolé, à 1000 mètres d’altitude, dans le nord du Cantal. J’ai modifié les noms de personnes et de lieux. Les événements décrits, je les ai vécus, pour la plupart. Sinon, j’ai transcrit des histoires qu’on m’a racontées. Là, évidemment, il y a plus d’incertitude.
N. O. – Quel est votre lien personnel avec ce lieu?
Pierre Jourde. – Ma famille y habite depuis plus de trois siècles. Mon père y a été un temps agriculteur. Il y est enterré. Nous y avons une maison et une ferme tenue par des fermiers. J’y vais depuis mon enfance, plusieurs fois par an.
N. O. – Savez-vous si les habitants ont lu votre livre à sa parution?
Pierre Jourde. – «Pays perdu» est sorti en août 2003. A la fin de l’été 2004, j’ai appris que le livre était arrivé au village. En fait, je pensais que personne n’en entendrait parler là-haut. Cela a pris un an. On m’a dit que la réaction a été très violente. Un de mes amis a été menacé. On parlait même de sortir les fusils. [...]N. O. – Et comment vous y a-t-on accueilli?
Pierre Jourde. – Très mal! Je suis arrivé le 31 juillet. Une heure après, un petit groupe de personnes m’a coincé entre deux voitures. Ils m’ont abreuvé d’injures. Les poings sont partis. J’ai dû frapper. L’un des agresseurs a été sérieusement touché. Il saignait beaucoup. D’autres sont arrivés et m’ont attaqué, six ou sept au total. Une scène d’hystérie collective, de haine déchaînée. Au milieu de tout ça, ma compagne et mes trois enfants, dont un bébé de 15 mois. Tantôt ma compagne contenait leur fureur, quelques secondes, tantôt j’arrivais à les arrêter à coups de poing. Certains ont crié «sales Arabes!» à mes fils aînés, qui sont à moitié antillais. Là ils se sont mis à lancer de grosses pierres. On a réussi à remonter en voiture. Ils ont fait exploser la vitre, les éclats ont blessé le bébé au visage. Un de mes fils, pris de panique, s’est enfui à travers le village. Ma compagne l’a suivi. Les autres me bloquaient. J’ai filé en marche arrière, sous les caillasses, et j’ai pu récupérer tout le monde à l’autre bout du village. Nous sommes aussitôt rentrés à Paris.