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  • Tradition tradittore
    Le traducteur, traitre au texte qu'il traduit, ce n'est pas une notion nouvelle. L'idée qu'il faut régulièrement retraduire les grandes oeuvres littéraires non plus, et pourtant, cette règle n'est presque jamais appliquée.
    Que celui qui n'a jamais lu l'une des terribles traductions de Shakespeare par le fils de Victor Hugo lève la main : versification saccagée, sens plus qu'approximatif, et j'en passe. Pareil pour les traductions de Poe par Baudelaire. D'ailleurs, pas besoin d'aller aussi loin que le XIXème siècle : il suffit de relire une traduction faite dans les années cinquante pour avoir envie de se taper la tête contre les murs : on ne parle vraiment, vraiment plus le même français empesé, ampoulé, et surtout ce français lave plus blanc et plus correct que le ministère de l'identité nationale. Imaginez alors les sévices que ces traducteurs ont peu faire subir à ceux qu'ils traduisaient.

    Et pourtant, les nouvelles traductions ont la côte ces temps-ci, les éditeurs devraient plus s'intéresser à ce phénomène : il y a eu la nouvelle traduction de Lolita de Nabokov, la nouvelle traduction d'Ulysse de Joyce, et il y a la nouvelle traduction du Guépard de Lampedusa qui parait ces jours-ci. Je ne saurais trop vous conseiller de lire le Guépard, c'est un des meilleurs livres du 20ème siècle et de loin, et cette nouvelle traduction semble à la hauteur de ce chef-d'oeuvre.

    La comparaison du texte italien et des deux traductions est plus qu'édifiante :  
    Nunc et in hora mortis nostrae. Amen”. La recita quotidiana del Rosario era finita. Durante mezz’ora la voce pacata del principe aveva ricordato i isteri Dolorosi; durante mezz’ora altre voci, frammiste avevano tessuto un brusio ondeggiante sul quale si erano istaccati i fiori d’oro di parole inconsuete: amore, erginità, morte; e mentre durava quel brusio il salone rococoo sembrava aver mutato aspetto; financo i pappagalli che spiegavano le ali iridate sulle seta del parato erano apparsi intimiditi; perfino la Maddalena fra le due finestre, era sembrata una penitente anziché une belle biondina, svagata in chissà quali sogni, come la si vedeva sempre.”
    Nunc et in hora mortis nostrae. Amen”. Le rosaire quotidien s’achevait. Pendant une demi-heure, la voix paisible du Prince avait rappelé les Mystères glorieux et douloureux ; pendant une demi-heure, d’autres voix mêlées avaient tissé un bruissement ondoyant où s’épanouissaient les fleurs d’or de mots insolites : amour, virginité, mort. Le salon rococo semblait avoir changé d’aspect ; les perroquets eux-mêmes, qui déployaient leurs ailes irisées sur la soie des tentures, paraissaient intimidés ; quant à la Madeleine, entre les deux fenêtres, elle prenait des airs de pénitente ; ce n’était plus la belle blonde opulente qu’on voyait d’habitude, perdue dans Dieu sait quelles rêveries” (Traduction Fanette Pézard 1959)

    “Nunc et in horas mortis nostrae. Amen”. La récitation quotidienne du Rosaire était finie. Pendant une demi-heure la voix paisible du Prince avait rappelé les Mystères Douloureux ; pendant une demi-heure d’autre voix, entremêlées, avaient tissé un bruissement ondoyant d’où s’étaient détachées les fleurs d’or de mots inaccoutumés : amour, virginité, mort ; et pendant que durait ce bruit le salon rococo semblait avoir changé d’aspect ; même les perroquets qui déployaient leurs ailes irisées sur la soie de la tenture avaient paru intimidés ; même la Marie Madeleine, entre les deux fenêtres, ressemblait davantage à une pénitente qu’à une belle grande blonde, perdue dans on ne sait quels rêves, comme on la voyait toujours”. (Traduction de Jean-Paul Manganaro, 2007)

    Pour aller plus loin, une interview avec le nouveau traducteur : 
    LE FIGARO LITTÉRAIRE. - Pourquoi retraduire aujourd'hui Le Guépard ?
    Jean-Paul Manganaro. - Parce que la première édition du roman, due à Giorgio Bassani, parue chez Feltrinelli en 1958, et qui avait été utilisée pour la traduction française de Fanette Pézard, a été ensuite revue, en Italie, à partir des différents manuscrits de Lampedusa, par des philologues. Ils ont constaté dans l'édition première de très nombreuses discordances d'avec les manuscrits. Et c'est l'édition de Carlo Muscetta, publiée en 1969, qui est devenue le texte de référence, conforme aux dernières volontés de l'auteur. C'est de celui-ci que je suis parti.
    L'édition de Bassani a été beaucoup critiquée en son temps. On l'a même accusé d'avoir « réécrit » Lampedusa. Qu'en pensez-vous ?
    C'étaient des polémiques à vif. Je pense que Bassani a été globa­lement honnête, très correct. Mais qu'il était trop pressé d'achever sa tâche

    EDIT : Et hop, encore un article admirateur de la nouvelle traduction.
    Ecrit par Heileen, à 14:59 dans la rubrique "Littérature générale".



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