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Mieux vaux tard que jamais. Le docu-fiction consacré à l'assassin de Versace écrit en 99 paraît en France. Comme il est publié par Phébus, il y a peu de chances de se tromper en disant qu'il doit être passionnant, surtout considérant la manière dont l'auteur à choisi de traiter ce fait-divers :
Au moment où il tue Versace, on le recherche depuis trois mois : il a déjà tué quatre hommes en avril et mai, de Minneapolis au New Jersey. Les deux premiers étaient d'anciens petits amis (la presse parlera souvent de «partenaires») ; le troisième, un agent immobilier levé dans un bar ; le quatrième, le gardien d'un cimetière dont Cunanan a pris la camionnette. Seul le meurtre de Versace en fait l'homme à la réputation la plus déplorable du moment. Les cadavres des gens ordinaires s'effacent devant la dépouille d'une célébrité.[...]
Le problème est que, une fois les meurtres commis, la «personne normale» disparaît dans la conscience des autres. Elle est avalée par la morale, la fausse logique et les clichés. L'existence de Cunanan ne fut décrite que rétrospectivement, à l'aune du meurtre de Versace, comme si rien d'autre ne pouvait l'éclairer. Selon Gary Indiana, ce n'est pas un hasard : «Pour bien marquer le mépris que leur inspirait son tueur», écrit-il, les célébrités et leurs valets de presse traitèrent Cunanan «d'individu en mal de célébrité ; comme des millions d'êtres sans importance qui ne pouvaient vivre comme Tibère, disons, Caligula ou Néron, "Andrew et les êtres de son espèce s'attaquaient aux riches", lesquelles devenaient des saints, avec Versace dans le rôle du plus saint de tous, modèle du système de libre entreprise. (...) On évoqua, pour la forme, les quatre victimes précédentes d'Andrew, mais la narration rendait absolument clair le fait que seules les célébrités ont une vraie vie».
Une certaine colère sociale inspire l'auteur et cette idée que, par une fiction appuyée sur les faits, il va redonner à cet individu, et donc, à chacun d'entre nous, la liberté, le récit et les incohérences auxquels il a droit et qui, tout simplement, font une vie.