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  • Sacré Kourouma !
    Témoin de son temps, dénonçant sans complaisance les travers et les horreurs des pouvoirs africains, Ahmadou Kourouma, un ancien d’Indochine - les atrocités de la guerre, il savait donc bien ce que c’était - exécrait l’ethnicisme. Il avait condamné le génocide rwandais. Il abhorrait ce qui se passe en ce moment dans son propre pays, la Côte d’Ivoire. Sans doute aurait-il troussé une bonne histoire sur un tel sujet. Et l’on ignore, pour l’instant, s’il a pu, avant son dernier souffle écrire sur deux thèmes qui lui tenaient à cœur : les conférences nationales en Afrique qui ont souvent débouché sur un recul de la démocratie, et Samory Touré. Pourquoi sur Samory ? Parce que, disait-il en 2001, dans une interview, “ il a donné ma grand-mère à son chef de guerre ; alors pour la venger, la pauvre ! il faudrait que je parle de cela ”. (lire la suite)

    Un article pour honorer la mémoire d'Ahmadou Kourouma.

    Dans les autres articles, on parle surtout des problèmes que Kourouma avait dernièrement eu avec le gouvernement ivoirien. En effet :
    L'écrivain ivoirien Ahmadou Kourouma, s'était résolument engagé dans la tourmente ivoirienne. En mars il avait commencé un roman sur le drame de son pays. Victime lui aussi des déchirures identitaires qui depuis le 19 septembre 2002 ont tailladé la Côte d'Ivoire, Kourouma a été conduit à s'exiler pour avoir osé dénoncer ce qu'il considérait comme des dérives graves du pouvoir en place. [...] l'écrivain qui avait dénoncé les ravages de l'"ivoirité", un concept d'exclusion politique sur une base ethnique, et pris parti pour l'ancien Premier ministre Alassane Ouattara, musulman du nord comme lui et honni par le régime.
    "Il est mort carrément en exil", a d'ailleurs déclaré
    [le président ivoirien] à l'Afp à l'annonce du décès de l'écrivain. En mars dernier, Ahmadou Kourouma avait été l'objet d'un lynchage médiatique en règle dans des médias favorables au pouvoir. Pendant une semaine, il avait été accusé de soutenir les militaires qui s'étaient soulevés le 19 septembre, ou encore de ne pas être Ivoirien.
    Le ministre de la Communication de l'époque, M. Séry Bailly, lui avait consacré une double page dans le quotidien Fraternité Matin, estimant en substance que l'écrivain était prisonnier de ses origines malinké (groupe linguistique du nord du pays, majoritairement musulman).
    [...] "Je dis les choses crûment. "Depuis que j'ai dit que (le président Laurent) Gbagbo est entouré de tueurs, on m'en veut", reconnaissait l'auteur.


    Le roman que Kourouma préparait sur la crise restera malheureusement inachevé :
    Il voulait que le pouvoir lise le roman sur la crise ivoirienne qu'il avait commencé dans son exil français. "Mes enfants me l'ont demandé", confiait l'écrivain. Comme la crise, il reste inachevé. Dans ce nouveau texte, avait expliqué Ahmadou Kourouma, "mon héros arrive en Côte d'Ivoire mais il n'a pas de chance, les événements éclatent. Il poursuit son aventure avec les escadrons de la mort, la situation politique, les charniers (...). Je voudrais que le pouvoir le lise. Cela pourrait permettre de réfléchir, de prendre du recul sur la situation, de voir les responsabilités de chacun et ce qui a conduit à tout cela. Je n'écris pas rapidement. J'espère que la situation sera améliorée avant que le livre ne soit terminé".

    Il croyait fondamentalement, lui, à un retour à la paix et il n'aura malheureusement pas eu le temps de le voir.
    "Nous ne suivrons pas les pessimistes qui croient (...) à la quasi impossibilité du retour de la paix en Côte d'Ivoire, (le pays) deviendra ce qu'(il) a toujours été, la patrie des hommes de toutes religions, de toutes origines (...)"
    Ecrit par Heileen, à 10:55 dans la rubrique "Littérature générale".



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