Pour bien commencer l'année, un petit tour de piste des dernières nouvelles de 2008 :
Des héritiers que ne veulent pas se faire des sous sur le dos de leur illustre ancêtre en vendant aux enchères ses manuscrits ? C'est sûrement une légende.
- Vous avez le droit de finir l'oeuvre d'un auteur décédé, c'est la Cour de Cassation qui en a décidé ainsi. Un crétin a le droit de
faire revivre Javert alors que son suicide est un des passages les plus symboliques des
Misérables, cela n'affecte pas
"en le dénaturant, l'esprit général des Misérables qui ne se réduit pas au destin de Javert mais embrasse un projet philosophique et social bien plus ample".
Puisque c'est comme ça, je m'en vais finir la Joconde en lui rajoutant ces satanés sourcils qui lui manquent, puisque cela ne la dénaturera pas, l'essentiel de son art résidant dans son sourire...
Le pire ? Demander à n'importe qui, il vous dira que l'on ne peut pas comparer une oeuvre plastique avec une oeuvre écrite, et que le droit de finir Les Misérables relève de la liberté d'expression. L'art à géométrie juridique variable.
- La bibliothèque commune européenne en ligne
Europeana rouvre en bêta après son
faux départ buggué en Novembre : 10 millions de connexion en 1 heure, les trois pauvres serveurs en avaient explosé de joie. Littéralement.
"Comment chercher des réponses sans dialogue libre et actif entre les citoyens européens autour de faits culturels partagés (ou pas) ? Ce lieu de dialogue culturel est en construction depuis plusieurs années. Aujourd'hui plus que jamais, nous sommes proches de sa mise en pratique avec la création du portail d'une bibliothèque numérique européenne intitulé Europeana. Ses créateurs cherchent non seulement à organiser et faciliter l'accès aux objets de la culture européenne (tableaux, livres, essais, sons, etc.) en format numérique, mais aussi à tisser des liens entre eux en proposant aux citoyens européens une possibilité de participation et de débat.
Pour éviter le principe de fourre-tout où les objets se perdent facilement dans les profondeurs du réseau et deviennent difficiles à trouver par le moteur de recherches, les créateurs d'Europeana veulent organiser cette multitude d'objets d'art sur deux niveaux. D'abord selon le système des meta-tags attribués par les institutions culturelles (musées, archives et bibliothèques) qui fournissent le contenu, et ensuite selon les tags et les liens que le public pourra ajouter librement sur ces objets. "
Bon, ça c'est la version officielle, mais pour le moment, Europeana n'est pas très convaincant : le site parle dans toutes les langues, mais seulement au niveau du premier niveau d'interface, avancez de deux ou trois pages, et il s'anglicise (vive l'Europe multiculturelle...). Quant à la recherche d'oeuvres, il vous faudra parler plusieurs langues étrangères pour avoir des résultats : si vous ne parlez que français, vous n'accéderez qu'aux résultats disponibles dans les bibliothèques et musées français. Autant aller directement voir
Gallica.
- Pourquoi les
Anglo-saxons de tous bords vont devenir allergiques aux Prix Nobel de Littérature (et pourquoi JM Le Clezio ne sera jamais lu) : "
English novels are read all over the world, but publishers in English-speaking countries tend not to return the favour. Only three per cent of all books published in Britain are translated. As Christopher MacLehose – who for 21 years ran Harvill, Britain's pre-eminent publisher of translated fiction – once pointed out, that figure includes dentistry manuals, of course.
When Le Clézio's win was announced in October there was the usual slightly panicked reaction among literary editors here (Who is he? What has he written? Is there ANYONE who can be prevailed upon to say something well-informed about him?), the same reaction that greeted, for example, Elfriede Jelinek's win in 2004. "
- J.D. Salinger, auteur mythique, culte et invisible,
fête aujourd'hui ses 90 ans : "
Salinger n'a plus rien publié depuis 1965 et n'a accordé aucun entretien à la presse ces 28 dernières années.
Un grand mystère entoure la vie de l'écrivain depuis qu'il a décidé de se réfugier dans sa maison nichée sur une colline arborée à Cornish, un village du New Hampshire (nord-est des États-Unis).
Selon des récits publiés par sa fille et une ancienne amie, Salinger écrit toujours. Mais aucun de ses manuscrits n'a jamais atteint de maison d'édition depuis plus de quatre décennies [...]
"J'adore écrire, et je vous assure que j'écris régulièrement. Mais j'écris pour moi et je veux qu'on me laisse complètement tranquille pendant que je le fais", avait déclaré Salinger lors de son dernier entretien, en 1980 au Boston Globe.[...]
"C'est merveilleusement paisible de ne rien publier", avait-il dit en 1974 au New York Times, pour son premier entretien en 20 ans: "publier constitue une terrible violation de mon intimité"."
- Attention vous allez voir ce que vous allez voir :
2008 nous promet 558 romans pour la rentrée de janvier 2009. Bonne nouvelle : on se fadera moins de littérature française que d'habitude : "
«Livres Hebdo» donne cependant quelques détails: ce ne sont pas les premiers romans qui font grimper les statistiques (- 18% avec 61 titres annoncés), ni même les romans français (- 5,5% par rapport à 2008, avec seulement 347 titres), mais la littérature étrangère: 211 romans sont au programme, soit 31 de plus que l'hiver dernier (+17%)."
- L'ebook n'en finit pas de commencer à arriver. Depuis dix ans qu'
on nous en parle dans toutes les langues et à toutes les sauces,
2008 aurait paraît-il été l'année de l'effervescence du livre numérique : Amazon a lancé son
Kindle avec fracas, mais les pertes ne sauraient tarder (comment un logiciel qui refuse toutes les cryptages qui ne sont pas Amazonéifiés pourra-t-il survivre longtemps ?) et Sony a lancé son
Reader en partenariat avec la Fnac et Hachette Livres (
Reader testé par ActuaLitté), avec des
résultats de vente plutôt moyens. Mais la révolution du livre arrive aussi
par les portables : "
Dès avril, Orange annonçait son projet Read&Go, permettant le téléchargement et la consultation de livres et journaux sur un terminal dédié. En juillet, SFR lui emboîtait le pas en expérimentant son e-Book grâce à un téléphone mobile Bluetooth. Et puisqu'il s'agit, non pas d'un simple téléphone, mais d'une plateforme d'applications, l'iPhone d'Apple s'en est depuis mêlé.
Lancé mi-juillet, le logiciel gratuit Stanza (développé par Lexcycle), permet en effet d'accéder à une banque d'ouvrages en ligne, consultables sur Iphone - et Ipod Touch. Il aurait déjà trouvé 500.000 utilisateurs, 40.000 ouvrages étant téléchargés quotidiennement."
Le problème, par quelque bout qu'on le prend reste toujours le même : l'offre. A quoi bon se payer un livre électronique à 300 euros, si ce n'est que pour lire Balzac, Zola, ou Tolstoï ?
Pire encore, "
Imaginez qu'à deux doigts d'atteindre enfin le monologue de Molly, dans «Ulysse», un signal se mette à clignoter en travers des mots de Joyce: «Batterie faible». L'horreur! "
(Si vous voulez un aperçu très complet sur le livre électronique,
Médiapart a fait un très bon dossier dessus, en 4 parties. Malheureusement les articles du site ne sont accessibles qu'aux abonnés. Pour une dizaine de jour, je vous laisse accéder à mon compte chez eux pour consulter les articles et vous faire une idée : identifiant : heileen ; mot de passe : lamuselivre)
à 21:26