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"Je me suis abstenu des années durant de faire imprimer ce livre pourtant achevé. Le devoir envers ceux qui étaient encore en vie l'emportait sur celui envers les morts. Mais aujourd'hui que, de toute façon, la Sécurité d'Etat s'est emparée de l'ouvrage, il ne me reste plus rien d'autre à faire qu'à le publier sans délai". En septembre 1973, Alexandre Soljenitsyne se résout brusquement à faire éditer à l'étranger l'Archipel du Goulag, peinture sans concession du régime soviétique et du système des camps.
Le texte, transmis par microfilm, a passé le rideau de fer depuis déjà cinq ans. Mais Elizaveta Voronianskaïa, l'une des deux dactylos ayant tapé l'ouvrage, arrêtée en août à Leningrad, vient de se suicider.
Après cinq jours d'interrogatoires ininterrompus, cette dame de plus de 70 ans, malade, qui adorait Soljenitsyne, a avoué au KGB où se trouvait l'exemplaire qu'elle détenait et que l'écrivain lui avait demandé de détruire. Rentrée chez elle, elle s'est pendue.
Si vous avez la télé, et qu'elle reçoit france2 (des fois ça arrive même à des télés très bien ; les plus malchanceuses sont affligées d'une réception impeccable de TF1. A ce niveau-là, pour son propre salut, suicidez-la), vous avez sans doute appris que l'on fêtait hier (je suis en retard, misère, misère, misère !) les trente ans de la publication de L'Archipel du Goulag de Soljenitsyne.
Ca se fête ? Heu... pas quand on sait que c'est un livre qui est la cause de l'interrogatoire (torture ?) puis du suicide d'une très vieille dame de 70 ans. Aucun livre ne mérite ce genre de sacrifice. Soljenitsyne prétendait ne pas publier pour protéger les vivants : criant succès, non ? Surtout aux vues des résultats aujourd'hui :
"On ne le lit pas assez. Il n'est pas étudié à l'école, il n'intéresse plus les médias. A l'inverse, on rétablit l'hymne soviétique, on réinstaure une journée pour fêter les ' Tchékistes' (les hommes de la sécurité d'Etat) et multiplie les séries dont ils sont les héros".