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C'est l'automne, les feuilles tombent, les Prix Littéraires aussi, et l'hyper-redondante haine des Prix aussi. Rassurez-vous, j'en fais partie. Voir des bandes rouges hurler Goncourt me donne la nausée.
Alors, que valent vraiment les prix en terme de vente ? A première vue, il valent surtout pour l'argent et la reconnaissance qu'ils apportent à la maison d'édition, et non à l'auteur. Rien de nouveau , sauf lorsque la maison d'édition en question est une petite jeunette :
Avec le Femina étranger, attribué à Joyce Carol Oates pour Les Chutes, l'éditeur Philippe Rey a effectivement touché le gros lot. Mais pas qu'en termes financiers. Fondée en septembre 2003, la maison de Philippe Rey est la première à recevoir un prix important aussi rapidement. Les ventes des Chutes sont passées de 15 000 avant à 45 000 après le prix, soit, selon Ipsos, 52 % du CA des éditions Philippe Rey en littérature. "Le prix a crédibilisé la maison de manière considérable. C'est un gage de sérieux et d'existence dans le monde littéraire", précise Philippe Rey. Autre conséquence positive, cela a entraîné un afflux d'auteurs. Revers de la médaille : la cote de Joyce Carol Oates a grimpé, et son agent est désormais fondé à élever le niveau des enchères pour son prochain livre.
A voir aussi : cette année, pour faire original, les journalistes du Figaro ont choisi de se demander comment réformer les prix. Ne sautez pas sur votre fauteuil, ça ne vole pas très haut (et en plus bouchez vos mirettes, parce que la dernière ligne est d'un chauvinisme imbécile et mythomane).
Ils ont bien dix propositions pour réformer les prix, mais elles sont soit mauvaises, soient frileuses, soit déjà vues et revues jusqu'à plus soif, et les jurés des prix n'en ont rine à foutre.
1 - Éviter qu'un auteur cumule des prix. Les jurés se coordonneraient afin d'éviter de couronner deux fois un même roman.
Si un roman est exceptionnel, je ne vois pas pourquoi il n'aurait pas droit au flush gagnant. Mais évidemment, la question n'est pas de savoir si un auteur mérite plusieurs prix, mais plutôt de savoir pourquoi une maison d'édition devrait jouer les cumularde. Si les prix étiet question de littérature...
2 - Ouvrir les jurys littéraires à des personnalités extralittéraires. Cinéastes ou peintres pourraient rejoindre les romanciers, comme cela se fait au Festival de Cannes.
Cela a juste rendu le festival de Cannes plus jet-set, et je n'ai pas eu l'impression que le jury n'en jugeait que mieux. Je ne peux pas m'empêcher de penser aux Oscars, où les performances d'acteurs sont jugées par les maquilleurs. Ca frise le ridicule.
3 - Rendre plus transparent l'élection d'un juré. Le choix d'un nouveau juré ferait l'objet de candidatures publiques et d'un vote, mettant fin au système de la cooptation.
Il n'y a qu'en France qu'on se pose ce genre de question con.
4 - Motiver publiquement le choix. Un porte-parole donnerait les raisons qui ont abouti au couronnement du lauréat et célébrerait les qualités littéraires.
Si la motivation resemble à celle fourni par le jury du Nobel, on sera bien avancé. Cette année, c'étit ça : Oran Pamuk « qui à la recherche de l’âme mélancolique de sa ville natale a trouvé de nouvelles images spirituelles pour le combat et l’entrelacement des cultures ».
5 - Renouveler le jury. Tous les trois ans un tiers du jury laisserait sa place, permettant, tout en apportant du sang neuf, de conserver l'esprit du groupe.
600 ans après le reste du monde, la France découvrit le principe du jury tournant. Malheureusement, à cette époque, la littérature avait disparue de la surface de la Terre.
En plus, tous les trois ans, c'est encore un compromis de pétochard.
6 - Rendre le vote public. Les lecteurs et les médias pourraient connaître le vote de chaque juré à chaque tour.
Oui, ça c'est bien, mais c'est loin d'être aussi intéressant que ça en a l'air. Sans ses motivations, c'est peau d'ballon.
7 - Décerner un grand prix avant l'été. L'étalement des prix tout au long de l'année donnerait une plus grande visibilité à chaque roman primé.
Oui, bien sûr. Sauf que les journalistes sont déjà en vacances. Mais de toute façon, la rentrée commence de plus en plus tôt, bientot, elle aura lieu en mai, et on pourra donc avoir notr pre-summer-pize. Yeah !
Pour ça il faudrait que la rentrée est lieu toute l'année. Parce que les prisables (masculin, de prisé par la Rive Gauche) ne sont publiés qu'à l'époque des prix. C'est le Diable qui se mord la queue.
9 - Ne pas récompenser un auteur mort. Les jurés s'interdiraient de couronner un écrivain mort, même pour un livre inédit, afin de promouvoir la littérature.
Connards, crétins, dégénérés. Je ne vois pas en quoi prétendre que la littérature est un truc de vivants peut la promouvoir. Mais pour être plus claire, je peux prendre des exemples : John Kennedy Toole était mort lorsqu'on a récompensé La conjuration des imbéciles du Pulitzer posthume. Mort depuis 12 ans, pas depuis peu. Quel académicien osera me dire que JKT n'a rien fait pour la littérature ?
Un autre : Tristan Egolf est mort l'an dernier : si son nouveau roman (publié posthumément aux USA) état publié maintenant en France, il serait interdit de prix, même si sont auteur n'est mort qu'en 2005.
Vous trouvez ça sérieux, vous ?!
Et puis, je met n'importe qui au défi de me dire que Suite Française n'a rien fait pour promouvoir la littérature française en France et dans le monde !
10 - Limiter le nombre de livres sélectionnés. Les jurés établiraient une première sélection de dix livres, une deuxième de six et une troisième de trois.
Très bien, comme ça, on sera sûr qu'au lieu de sélectionner 5 mêmes livres, plus 5 livre originaux, il ne sélectioonneront que 5 mêmes livres. Ca, c'est l'avenir des prix littéarires, pour sûr !
8 - Choisir des romans parus l'année en cours. Plutôt que de s'en tenir aux seuls romans de la rentrée, les jurés sélectionneraient des livres parus à partir de janvier.