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Francofffonies avec quatre f, c'est l'un des grands mystères du Salon du Livre de cette année. "Fastueux, flamboyant, féerique ? factice, farfelu, fratricide ?" comme disent certains ? Ou juste foutaise, foutage de gueule, foutue ? En tout cas ce n'est pas le respect de cette fameuse langue française qui a dicté ce petit changement orthographique. (Et pourquoi pas fffrancophonie ?)
Parce que la francophonie, il faut bien l'avouer, c'est une grande farce : un post-colonialiste à relents nauséeux, une ignorance crasse des littératures de langue française, un mépris généralisé pour ces écrivains, et un bon moyen de récupérer comme françaises des oeuvres étrangères qui, ô malheur, ont fait l'erreur de s'écrire en français. Un écrivain québecquois, camerounais, ou vietnamien cesse d'être québecquois, camerounais ou vietnamien pour miraculeusement devenir écrivain français. L'alchimie selon la Coupole.
Et dans ce domaine, les écrivains de langue anglaise sont plus respectés que les français : quand un roman est écrit en anglais, le pays d'origine de son auteur est toujours mentionné entre parenthèses. Salman Rushdie, immense écrivain de langue anglaise (Inde). Personne n'a encore jamais dit : Salman, écrivain anglais. Fatou Diome ? Alain Mabanckou ? Maryse Condé ? Je vous mets au défi de me dire leur nationalité. Et pourtant, chacun à leur manière, ils sont des stars de la francophonie. Mais on en sait plus sur Rushdie que sur eux.
Le Salon du Livre, qui a fait l'erreur énorme de s'attaquer à la francofffonie, réveille les colères : il faut dire que ce n'est pas bien malin. Le Salon du livre célèbre d'habitude un pays, et non une langue. Il célèbre aussi la découverte de l'étranger. Ici, on célèbre le français dans le monde, en ramenant tout à la littérature française et en anihilant toute notion de pays. Et pourtant, la francophonie, c'est sacrément vaste : Québec, Magreb, Afrique noire, péninsule Indochinoise, mais aussi Benelux, Grèce, Hongrie, ... Ca ne se compte pas sur les doigts d'une seule main. Sur la page d'accueil du Salon du Livre, aucun de ces pays n'est mentionné, même de loin. Il faut carrément aller chercher la liste des auteurs invités pour les trouver. Bienvenu dans la France des années 50. La Guerre d'algérie n'a pas eu lieu. Les effets bénéfiques de la colonisation, sans doute...
Mais au moins, les auteurs francophones savent se défendre : ils sont en colère et le font savoir :
La grande romancière née en Guadeloupe Maryse Condé, qui vit aujourd'hui à New York (elle enseigne à Columbia), avoue ne pas très bien savoir «ce qu'on entend par francophonie. Il paraît que les Français n'en font pas partie. Etrange...». C'est que les écrivains francophones en ont marre. Marre de voir la France jouer les hôtes d'une fête qu'ils voudraient eux aussi orchestrer. Marre de voir la France se considérer comme le centre d'un monde où ils sont condamnés à jouer les satellites. «Le plus grand obstacle au développement de la langue française est le narcissisme culturel français. Le français a toujours été pensé en relation avec une géographie imaginaire qui faisait de la France le centre du monde», explique encore Mbembe. C'est que, pour lui, les Français sont encore loin d'avoir pris la mesure des révolutions en cours : si notre langue demeure un idiome universel, c'est aux francophones, vivant hors de France, qu'elle le doit. D'où la nécessité de «dénationaliser » la langue, selon Mbembe : en ouvrant l'Académie aux non-Français, en décloisonnant les prix littéraires, la presse, l'édition. Un immense travail dont le chantier n'est, chez nous, même pas à l'étude. [...]A voir aussi, le coût de la Francophonie : sachant ce qu'on en fait... Misère !
Derrière l'agacement d'un Dalembert ou d'un Skif se cache une hantise plus profonde : celle de voir les festivités se transformer en fête néocoloniale, où la francophonie serait réduite à un faire-valoir pour politiciens nostalgiques d'une France impériale. Car certains écrivains francophones craignent de servir d'alibis d'une politique initiée par la France pour son seul bénéfice : pour le Togolais Kangni Alem, qui écrit en français et en mina, sa langue natale, «l'espace francophone n'est en réalité qu'un espace d'intérêts politiques flous dont les répercussions sur la vie des populations sont malheureusement nulles ou négligeables. Le contrecoup est évident : la parole de l'écrivain francophone, même lorsqu'elle essaie d'être originale, subit le même rejet, le même soupçon d'être une parole de faussaire». Et d'enfoncer le clou : «La francophonie, du moins pour les Africains, est une institution qui n'a pas de couilles, puisque trop dépendante de la politique française de soutien aux dictatures molles du continent. Son avenir en Afrique dépendra de sa capacité à peser sur les changements politiques en cours.»
Commentaires :
Anonyme |
Lien croiséVagabondages: Franco-folie : "resser outre-ciel est une invention de Sédar Senghor. Vous avez des idées de textes ? De son côté, le salon du livre 2006 qui se terminera le 22 mars à Paris met particulièrement à l'honneur les écrivains francophones originaires d'autres pays que la France.Heileen, de La Muselivre, alors même qu’elle nous apprend que le grand écrivain japonais Naoya Shiga est allé jusqu'à proposer que le Japon adopte le français comme langue nationale en avril 1946, moins d'un an après que le général MacArthur eut reçu la reddition nippone, Heileen donc est un peu plus circonspecte –c’est le moins qu’on puisse dire- sur cet événement : Parce q"
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à 12:31