Thomas Browne se passionne pour tout ce qui est insolite, tordu, abracadabrant. Mais entend faire la guerre aux préjugés, pourfendre les idées reçues et les croyances idiotes, à grand renfort d'expériences et d'argumentations. Le résultat est inimitable, et par moment irrésistible. Comme une sorte de Laurence Sterne mâtiné de Montaigne, Thomas Browne n'hésite pas à écrire : "(Nous) acceptons la capacité qu'ont les lièvres à changer de sexe, toutefois nous pensons que cela n'arrive que rarement."
De toute façon, "qu'une femme ayant conçu un mâle avance d'abord sa jambe droite n'a jamais été vérifié malgré des observations attentives".
On ne saisit pas toujours comment s'enchaînent ses idées, mais c'est un feu d'artifice totalement baroque, où l'on passe des jointures des éléphants au nombril d'Adam, de la canicule à l'annulaire (qui n'est pas relié au cœur, contrairement à ce qu'on dit).
Encore un
excentrique anglais : est-ce que j'arriverais un jour à m'en lasser ?
(En prime, dans l'article, un bref aperçu de la malheureuse histoire des tribulations des ossements des grands penseurs. Brr!)