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Moi, Beigbeder, c'est quand il n'écrit pas de romans et qu'il ne se prend pas pour un éditeur que je l'aime bien. C'est à dire quand il se tape des délires sur la future rentrée littéraire et qu'il arrive à prouver qu'il a du talent-- mais pas celui qu'il croit :
Que s'est-il passé durant ces trois mois de folie parisienne? On a déversé de la bile, torché des articles fielleux et troussé des éloges hypocrites, on a échangé des prébendes, signé des contrats, évoqué des transferts. On a été bon chez Ardisson, mauvais chez Fogiel, bouleversant chez Durand, antipathique chez Giesbert, sincère chez Poivre, énigmatique chez Ferney, ou réciproquement. Ce fut une foire dégoûtante, un cirque pathétique. Et pourtant, pourtant... dans un pays occidental supposé décadent, au début d'un siècle de terreur et d'absurdité, on a parlé de livres inutiles, raconté des histoires inventées, disséqué des phrases improbables, contesté le bien-fondé d'une construction, discuté l'avenir du roman, rivalisé de style. Tout ce temps passé à s'engueuler sur des pages imaginaires est-il perdu? Bien sûr que non. La rentrée littéraire est une maladie française qu'il ne faut surtout pas soigner. Elle donne à des gens prétendument adultes un prétexte pour parler des arbres, des nuages, du vent et de la pluie, d'une jeune femme qui descend un escalier, de son mari qui ne l'aime plus, de son amant qu'elle aime encore, d'un meurtre ou d'un suicide inexpliqué, d'un enfant qui se drogue, d'une larme qui roule sur une joue rose, d'une bouche rouge aux dents blanches, d'un ciel menaçant, d'un chat noir et d'un accident de voiture qui va tout changer à la page 157.