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  • Le racisme n'a pas de frontières
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    On se fait une petite série, c'est plus amusant que les dernières nouvelles du front littéraire de ces derniers mois, qui avouons le franchement, était sérieusement chiant par rapport à ce que l'on avait pu connaître par le passé (moi, la guerre civile d'Hachette-Lagardère-VUP-Editis-Mais-ça-peut-encore-changer-de-nom me plaisait bien, au fond, ça faisait de l'ambiance, une conversation autour de la machine à café, c'était presque aussi palpitant que 24).

    Notre petite série s'appelle "France, France, Comment se porte ton bon vieux facsisme ?" Et il se porte sacrément bien. Après l'homophobie expliquée aux enfants, islamisme expliquée aux trop nombreux fans de Taxi, on s'attaque aujourd'hui à un sujet méconnu, étouffé, tabou censuré, mais qui malheureusement existe et se porte très bien : le facisme juif.

    Je vous arrête tout de suite. Le premier qui a envie de me traiter d'anti-sémite, il peut prendre la porte. Et de suite. Je me contente de citer. Et d'ailleurs, notre amis Alain Finkielkraut n'a vraiement pas besoin qu'on l'aide à prouver ce qu"il est. Il le fait très bien tout seul :

    "On a peur du langage de vérité. Pour des raisons nobles, on préfère dire "jeunes" que "noirs" ou "arabes", dit-il. "Je n'ai pas parlé d'intifada des banlieues. J'ai pourtant découvert qu'eux aussi envoient en première ligne les plus jeunes. Vous, en Israël, connaissez cela : on envoie les jeunes devant parce qu'on ne peut pas les mettre en prison.(...) Il s'agit d'un pogrom antirépublicain : il y a en France des gens qui haïssent la République."

    Pogrom : (du russe погром) est un terme décrivant le lynchage massif spontané ou prémédité des juifs ou autres minorités ethniques d'Europe. Qui est accompagné par la destruction des biens (maisons, boutiques, centres religieux, etc.).

    J'en déduis donc que la République est une minorité en France. Intéressant. Les destructions de biens sont là, OK, mais au dernière nouvelles, les voitures et autres bâtiments brûlés, à l'exception des maternelles, n'étaient pas des biens de la Républiques, mais des biens privés. Donc, si je continue à suivre son raisonnement, c'est en fait un pogrom contre les pauvres. Commis par des pauvres. Et probalement que les seuls voitures brûlées étaient celles de braves blancs français. Ca commencen à sentir très mauvais ce raisonement.

    C'est facile de s'octroyer le droit d'utiliser le terme de pogrom parce qu'on est juif, mais l'utiliser à tort et à travers, à toutes les sauces, et pour dire d'aussi nauséabondes conneries, c'est terriblement insultant pour la mémoire juive. Surtout si on juif.

    [...] Eux et ceux qui les justifient disent que cela provient de la fracture coloniale", répond M. Finkielkraut. "Le principal porte-parole de cette théologie, c'est Dieudonné, qui est le vrai patron de l'antisémitisme, et non le Front national. Mais au lieu de combattre son discours, on fait précisément ce qu'il demande : on change l'enseignement de l'histoire coloniale et de l'esclavage. Désormais, on enseigne qu'ils furent uniquement négatifs, et non que le projet colonial entendait éduquer et amener la culture aux sauvages." Rappelant que son père fut déporté de France à Auschwitz, il ajoute : " Qu'a fait ce pays aux Africains ? Que du bien. A mon père, il a fait subir cinq ans d'enfer. Pourtant, je n'ai jamais été éduqué dans la haine. Or celle des Noirs (contre la France) est pire encore que celle des Arabes."

    Je ne sais même pas par où commencer. Peut-être que c'est le fait de comparer des siècles de colonisation avec les cinq années de camps nazis qui me fait perdre tout mes moyens, mais moi je croyais naïvement que l'Histoire c'était un peu comme les maths et la cuisine : on ne pouvait pas comparer des faits qui n'avaient rien avoir, de même qu'on ne pouvait pas additionner des chiffres qui n'avaient pas la même valeur ou qu'on ne pouvait pas faire cuire ensemble des mirabelles et des tomates. Non, parce que si c'est aussi simple que ça, moi je vais m'en aller comparer le massacres des baleines avec la famine au Niger. Pour voir si ça marche aussi.

    Non, on va laisser ce débat de côté, puisque de toute façon, il considère qu'il n'y a eu aucun crime dans le colonialisme, puisqu'il a apporter la civilisation et l'écriture à des "sauvages". Je confirme, il leur a aussi apporter la pauvreté, le pouvoir militaire, les armes, la dictature, la corruption et le christianisme (loués soient les charmes de l'Occident !). En même temps, c'est leur faute tout ça : on leur a apporter la civilisation et il n'en ont garder que le pire. Faut croire qu'ils ont refusé de se faire éduquer correctemet franchement ! Quand à l'esclavage, honnêtement, c'est tout-à-fait leur faute : z'avaient qu'à pas accepeter la bimbeloterie qu'on leur offrait contre leur liberté. Non mais.

    Dans les années 60, quand ce discours tentait de garder l'Algérie française, on trouvait déjà qu'il sentait le sapin et le dix-neuvième siècle décadent. De nos jours, ça sentirait presque le procès pour Finkielkraut. Mais ce serait encore lui donner des arguments pour dire qu'il est persécuté. Dommage pour lui, cependant, que le débat de l'antisémitisme ne soit pas vraiment comme les autres, ici, en France : avant de jeter la pierre à tout bout-de-champ à l'antisémitisme gaulois, il devrait peut-être essayer de réviser ses cours d'Histoire. Entre deux pages sur le colonialisme et l'eclavagisme, il trouvera peut-être un encart sur une petite affaire d'antisémitisme qui a déchiré la France en deux au 19ème siècle. Et pour autant que je sache, la France est quand même le seul pays au monde qui est fait d'une affaire d'antisémitisme une affaire d'Etat. On n'est pas parfait, mais on y travaille.

    Les journalistes notent que beaucoup d'enfants d'immigrés ne se sentent pas respectés comme français. Réponse : "Ils disent : "Je ne suis pas français, je vis en France et en plus ma situation économique est difficile." Mais personne ne les retient ici de force." Quant aux motivations des jeunes des cités, elles n'ont aucun lien avec l'emploi, selon lui. Que veulent-ils ? "C'est simple : l'argent, les marques et, parfois, les filles." Certes, reconnaît-il, "il existe des Français racistes, qui n'aiment pas les Arabes et les Noirs". "Ils les aimeront encore moins en prenant conscience de combien ceux-ci les haïssent (...) Imaginons que vous gérez un restaurant. Un jeune vous demande un emploi. Il a l'accent des banlieues. C'est simple : vous ne l'engagerez pas, c'est impossible." Voilà, se désole-t-il, "des propos de bon sens", mais, dans la France actuelle, "on leur préfère le mythe du "racisme français"". Et de conclure : "L'antiracisme sera au XXIe siècle ce que fut le communisme au XXe."

    Et les antiracistes firent des camps d'internement pour les lepénismes, les villièristes, les mégrétistes et les finkielkrautistes. C'était pas comme ça qu'il fallait traduire la dernière phrase ? J'ai rien compris, alors. D'ailleurs, je n'ai vraiment pas compris la dernière phrase. Il doit avoir une conception de la cuisine qui m'échappe : je continue à croire qu'on ne peut pas cuire des mirabelles avec des tomates.

    Alain Finkielkraut n'en est pas à sa première provocation. il n'est est pas non plusà sa première démonstration de racisme et depensée fasciste : mais il existe tellement de gens aujourd'hui qui croit que la contestation du politiquement correct s'exprime à travers des idées scandaleuses et ignobles, forcément politiquement incorrect. C'est le fond de commerce des gens comme Emminem, et ça marche du feu de Dieu! Pour Finkelkraut aussi et ses fans le plébiscitent en ces termes :

    "Il a choisi l’inconfort intellectuel en devenant un anti-penseur officiel qui prend à rebrousse-poil l’individualisme narcissique des nomades sympas et des déracinés volontaires. [...] il dissipe les fausses évidences propagées par l’air du temps. Place à l’interrogation et à la précieuse vertu d’inquiétude à ne pas confondre avec la “vigilance” du droit-de-l’hommiste déchaîné"

    Alors, en effet, on voit bien où se déchaîne, en lui, le droit-de-l'hommiste : la question est un peu de savoir où s'arrête l'homme pour lui, et où commence le noir.

    Ecrit par Heileen, à 14:19 dans la rubrique "Le monde tourne mal".



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