La Muselivre

Certains jours, on arrive à se demander comment sont donner les diplômes dans ce pays. Peut-être que les doyens de fac les jouent aux dés. Ou peut-être qu'ils lancent les noms des prétendants au titre dans les escaliers, et que seuls ceux arrivés tout en bas des marches ont droit aux honneurs et aux lauriers. En tout cas, on en vient à se demander la valeur des diplômes et des années d'études d'une psychothérapeute qui en vient à sortir une énormité pareille :

J'ai croisé une rousse cette après-midi en arrivant à la BNF ; elle avait les bras chargés de livres. Elle véhicule donc, dans ce sens, l'idée que toutes les librairs dont rousses. Les étudiantes aussi. C'est pour ça que je me teint en rousse, d'ailleurs.

On aurait pu croire que des siècles de philosophie grecques auraient enseigné, même aux plus imbéciles, l'antivaleur des sillogismes. On aurait aussi pu croire que des années d'études auraient enseigné, même aux plus imbéciles, que l'homophobie est une opinion personnelle, non une opinion psychanalytique et que les retombées d'une déclaration aussi consternantes pouvaient donner des armes à des gens très dangereux. On aurait pu croire que ce pays avait appris la décence sinon l'intelligence critique.

On se serait bien trompé. Maintenant, j'attend d'Edwige Antier, diplômée de psychopathologie de l'enfant, chroniqueuse sur France Info et première adjointe UMP au maire du VIIIème arrondissement (oui, en même temps, je crois que ce n'était pas la peine de le préciser) qu'elle enseigne aux enfants que l'avortement c'est un meurtre, le divorce un crime contre l'église, et Darwin un vieux gâteux précoce que Dieu qui a créé toute chose en 6 jours aurait dû foudroyer sur place en même temps que tous ces salauds d'homosexuels français qui osent vouloir être parfaitement normaux et élever des enfants. Mais Dieu dans son immense mansuétude laisse parler les imbéciles de tous bords...

Tout ceci serait peut-être un peu moins grave (et encore, je ne vois pas comment une remarque pareille pourrait être moins grave), si le but de cette dispute n'était pas pour but l'éducation politique des enfant de 3 ans. Le point de départ ? La sortie d'un premier livre de la collection «Loulou & Cie» aux éditions L'Ecole des loisirs, Jean a deux mamans, dont le seul but avoué était de faire découvrir les différents types de familles existants dans la société actuelle. Si le livre avait eu une volonté politique, Jean aurait eu deux papas, cela aurait choqué beaucoup plus les mamans de cinq enfants, et surtout cela aurait soulevé le débat ô combien casse-gueule, de l'adoption des enfants par les homosexuels.

Mais l'intervention de la première adjointe UMP au maire du VIIIème arrondissement en fait un évènement politique, rien que par le simple fait qu'elle est une élue, avant d'être une psychothérapeute pour enfants. Cela devient politique quand elle remplace le choix informatif du livre par l'idée de valeurs à inculquer aux enfants.

Et cela devient de la censure quand elle veut faire interdire le livre dans les bibliothèques.

Les bibliothèques répondent par un communiqué :

Les blibliothècaires sont nos derniers des justes.

Via Du coq à l'âne