La langue de bois fait toujours autant de bien à l'édition. Grâce à son superbe organe personnel, Teresa Cremisi a réussi à devenir l'un des tous-puissants de ce métier. Ancienne numéro deux chez Gallimard, devenue en mars dernier grand patronne de Flammarion : directrice éditorilal de la maison Flammarion, PDG du group, responsable des éditions J'ai lu, Librio, Casterman, etc. Et bien sür, bourrée de responsabilité au sein de RCS Libri, la filiale éditoriale de Rizzoli Corriere de la Sera MediaGroup, qui a racheté Flammarion. Une grosse machine, avec un un énorme talent notre italienne. Admirez plutôt l'artiste, ça laisse baba :

Ce ne sont pas des «transferts». Je trouve cette notion épouvantable, avec tout ce qu'elle charrie de lourd, de relié à l'argent. Elle a quelque chose de venimeux pour l'auteur (l'éditeur s'en sort toujours quand il n'a pas trop dépensé). Je ne débauche pas non plus. J'aurais pu. Mais le travail d'éditeur ne consiste pas à importer des auteurs. J'ai le désir d'accomplir un travail de fond, de goût, et d'organisation. Pascal Quignard, je pensais qu'entre la collection de Martine Saada chez Grasset et Gallimard, où il va publier un roman, il n'avait besoin de personne. Il a souhaité que nous travaillions ensemble pour un livre illustré. Ça me fait immensément plaisir. Vous ne pouvez pas savoir à quel point on est fragile quand on quitte quelque chose qu'on a tellement aimé, et qu'on recommence. Mon départ de Gallimard a été un peu une aventure, un peu un exil. Je suis partie sans emmener personne, sans garde rapprochée. Je suis arrivée avec mon sac. Dans une maison où je ne connaissais personne. Quand Régis Debray m'a appelée, quand François Nourissier m'a dit : ah j'ai en tête une chose pour toi, que voulez-vous, c'est un rempart contre la fragilité.

ou encore :

« En fait j’en ai un peu assez de ces histoires de transferts. Je suis persécutée depuis quatre mois par ces rumeurs incessantes. Si des auteurs se libèrent, et viennent me voir, tant mieux, j’ai toujours été pour la libre circulation des artistes, dans le respect des engagements et des formes. » (Dans livre-Hebdo, via Du coq à l'âne.)

C'est beau nom ? On dirait du Victor Hugo. Cosette ne pourrait pas provoquer autant d'émotion, même si elle devait porter dix seaux d'eau.

Et devinez quoi, dans la vraie belle vie d'un super-PDG de l'édition, les super-pouvoirs offerts avec le poste permettent de lire des livres en dormant. Oui, parce que le reste du temps... :

Chez Gallimard, elles tournaient autour d'un seul lieu, et d'un petit bureau que j'ai beaucoup aimé. Ici, je suis place de l'Odéon le matin, et l'après-midi je prends ma voiture pour rejoindre l'immeuble «Sequana», sur les quais près de la BNF, où, à l'exception de la littérature et du service de presse, toutes les autres activités de la maison sont réunies (Casterman, J'ai Lu, Beaux-Arts, Beaux-Arts magazine, Garnier-Flammarion, Champs, Aubier, Arthaud). ça change la vie. Il y a deux secrétariats, des rendez-vous totalement différents, un langage différent parfois. Tout l'aspect financier, management, organisation est dans le XIIIe. Ici, place de l'Odéon, c'est une petite cellule d'une vingtaine de personnes, organisée autour de ce département de littérature, qui est beaucoup plus petit naturellement que celui de Gallimard.
En plus, je vais à Milan, en général le dimanche après-midi, et j'y passe le lundi, deux fois par mois, parce que j'ai des réunions de management stratégique du groupe et des comités éditoriaux, étant conseillère des maisons d'édition italiennes.

Ecrit par Heileen, à 13:12 dans la rubrique "Les déboires de l'édition".

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Commentaires :

Eli Flory

26-10-05
à 17:11

Un Goncourt pour Angot en 2006 ? C'est jouable, non ?

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