La Muselivre

Tel est pris qui croyait prendre.
Fayard doit se mordre les doigts d'avoir piquer Houellebecq à Flammarion et BGBD (qui eux-mêmes l'avaient piqué à Maurice Nadeau : l'édition, c'est un monde de brutes). Le succès foudroyant, décapant, extraordinairavagant, la tête de gondole vidée en une heure, la campagne marketing décérébrante, le Michel aux doigts jaunes et aux répliques chocs ("moi, Raêl, je trouve que c'est plutôt un mec sympa" -- je paraphrase à peine),  le millions d'exemplaires à vendre en quelques semaines, tout cet édifice de choc et de toc n'aura pas eu besoin de beaucoup de termites pour voir ses fondations commencer à trembler. Une seule aura suffi, avant même l'arrivé de Harry Potter : LE Alexandre Jardin.

LE Alexandre Jardin est une bête à concours, un animal habitué au list de best-sellers, ainsi qu'aux meilleurs chiffres dans les salles de cinéma. Qui a oublié cet adage de base -- "s'il a déjà vendu plus de livre que ton propre phénomène de foire, ne présente pas ton Houellebecq en face de lui à la même rentrée littéraire"-- ne s'en prendra qu'à lui-même s'il se prend une claque à la hauteur de ses folles espérances :

Chez Grasset, en attendant, on annonce joyeusement que le Roman des Jardin, d'abord tiré à 100 000 exemplaires, en est aujourd'hui à une diffusion de 260 000. Dans le milieu professionnel, et même jusqu'au sein du groupe Hachette, la rumeur veut que la Possibilité d'une île n'ait pas tenu «la moitié de ses espérances». Fayard, après avoir initialement annoncé trois premiers tirages d'un montant global de 300 000 exemplaires, se bornait hier à faire savoir qu'on en est maintenant «à 320 000».