La Muselivre

Je ne savais pas quoi faire. Je n'avais pas d'ambition. Je ne me suis pas dirigé vers l'édition comme substitut de l'écriture (je ne voulais pas écrire), ni pour devenir riche ou célèbre. Ni par goût du pouvoir : j'ai toujours trouvé très arrogant de croire au pouvoir culturel. Simplement, quand Gérard Guégan m'a proposé de venir au Sagittaire, je ne pouvais pas dire non. Avant, j'avais bien eu un contact avec Françoise Verny, que j'avais rencontrée par l'intermédiaire de Bernard-Henri Lévy (mon meilleur ami à Louis-le-Grand), et dont j'avais préparé le fils au bac. Elle m'avait fait son numéro de sorcière : «Toi, mon coco, il faut que tu fasses de l'édition.» Sans suite. Tout a commencé au Sagittaire, l'antithèse de Grasset : une bande de barbus à cheveux longs qui éditaient Bukowski. Entrer dans l'édition, c'était m'inscrire dans une sorte de tradition artisanale qui me convenait. Et puisque je passais mon temps à lire... Mais j'ai découvert que ce métier recouvrait bien d'autres dimensions que la seule lecture ; de la préparation de la copie aux relations avec les auteurs, sans oublier le commercial, les relations avec les libraires et la presse. Bref, l'action. Olivier Cohen, patron des Editions de l'Olivier est devenu le grand ponte du Seuil. Et de toute évidence, le grand ancien meilleur ami de BHL considère que la meilleure façon de fêter sa promotion est de cracher dans le soupe.